Ethnologie des joueurs d'échecs
Citer cet ouvrage
Thierry Wendling, 2002, Ethnologie des joueurs d’échecs , Paris, PUF
Comment peut-on être joueur d’échecs de compétition ? Pour répondre à cette question inédite, en ethnologie, l’auteur a privilégié le regard intérieur du « monde des échecs » en menant une longue et active observation auprès des joueurs, des arbitres et des dirigeants fédéraux. La description des paroles et des gestes ordinaires dans les clubs et lors dès tournois révèle ainsi une riche culture ludique qui déborde largement le savoir un peu ésotérique, de la « théorie échiquéenne », puisqu’elle comprend par exemple d’innombrables histoires édifiantes ou humoristiques. Cette culture échiquéenne offre aussi la particularité de mettre en œuvre une organisation sociale originale qui conjugue d’intenses relations de face-à-face avec une pratique de masse. En montrant comment s’articulent ensemble des thèmes a priori aussi divers que les noms attribués aux ouvertures (Sicilienne, Russe, Dragon…), les joutes verbales des parties rapides, la notation imposée des parties officielles, ou encore l’utilisation de la pendule d’échecs, l’analyse souligne avec force que l’entremêlement des dimensions sociales, culturelles et cognitives, participe d’une création permanente de sens par les différents acteurs de la culture échiquéenne. A travers cette étude des joueurs d’échecs, qui apporte un éclairage nouveau sur des thèmes aussi fondamentaux que la construction de la sociabilité, l’usage de la parole et de l’écrit, la conceptualisation de l’espace et du temps, le lecteur trouvera aussi un témoignage de l’intérêt théorique d’une anthropologie des jeux.